Vendredi 26 août 2011.
Nous n'avons pas voulu quitter cette envoûtante région sans visiter le village de Saül.
C'est un petit avion de 20 places, un "Twin Otter", qui va nous y emmener à partir de l'aéroport de Cayenne.
Dès que les pilotes le mettent en route, tout bringueballe dans la cabine avec un bruit d'enfer. Ce n'est pas la première fois que nous prenons ce type d'avion mais c'est quand même un peu impressionnant.
Ce qui est encore plus impressionnant, inquiétant même, ce sont ces 40 minutes de survol de la forêt amazonienne. Du vert, du vert, encore du vert. Un immense "brocoli" où serpente parfois une crique plus large que les autres, ce qui nous permet de la distinguer au milieu de cet incroyable paillasson végétal.
Il fait tellement chaud dans l'avion que, de temps en temps, un des pilotes ouvre sa "fenêtre" ! Nous sommes à environ 1000m d'altitude et ça fait encore plus de bruit !!
Chaque nuage que nous traversons nous secoue encore un peu plus.
Dominique est assis juste derrière les pilotes et "surveille" la navigation.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de Saül, le relief devient plus important. Il y a de plus en plus de petites collines, vraiment comme sur un brocoli. Des inselbergs émergent parfois de la canopée.
Nous apercevons maintenant Saül et sa piste de latérite. Je n'ose imaginer comment ça se passe quand la météo n'est pas bonne ! Pour nous, heureusement, c'est grand soleil. Ce n'est pas facile de prendre des photos à travers ce hublot très rayé et très sale. Dommage !
Nous atterrissons avec plus de 30 mns de retard au milieu de nulle part et découvrons l'aérogare "ultra-moderne" de Saül.
Ce retard nous inquiète un peu car dimanche, Dominique doit enchaîner l'arrivée à Cayenne et le départ vers la métropole. Nous avons 50 mns de marge mais d'après ce qu'on nous dit ici, c'est vraiment très imprudent. Un simple orage peut annuler ou retarder le vol. Et à moins de 3h, on n'appelle pas ça du retard, ici !!!
Du coup, nous décidons de repartir dès demain, samedi, par l'unique vol à 9h30. Il nous faudra déposer notre sac à dos devant la mairie à 8h !! Dommage !!
En attendant, profitons de Saül.
"Le" pompier nous amène nos sacs à la mairie du village pendant que nous nous y rendons à pied par un petit sentier de 20 mns à travers la forêt.
Saül, à l'origine est un village de Saint Luciens, orpailleurs clandestins. Il est maintenant peuplé de 78 adultes ( 40 métros, 3 Hmongs et 35 descendants de ces Saint Luciens. ) Des installations ont été faites pour alimenter en eau ( aujourd'hui, on attend les résultats de l'ARS pour savoir si elle est potable ! ) et en électricité les habitants de ce village.
Nous nous rendons directement aux "Carbets du bord" pour nous installer. Dominique et Jean Paul nous y accueillent très gentiment. Nos hamacs nous y attendent.
http://www.lescarbetsdubord-saul.com/
Nous sommes 6 dans le carbet.
Et nous partons découvrir le village. Quel calme ! Quelle propreté ! Depuis que les orpailleurs clandestins ont été repoussés à 30 kms à la ronde par les légionaires lors des opérations "harpie", c'est la sécurité totale. Quel plaisir ! Nous sommes à 200m d'altitude et l'air est peut-être un peu plus frais que chez nous.
Voici la mairie.
L'église St Antoine de Padoue, bien particulière avec ses deux clochers.
Deux maisons traditionnelles.
Et la fameuse boulangerie qui a fait scandale il y a quelques années. Elle a coûté 780 millions d'euros et n'a pratiquement jamais servie !!!! Elle est encore fermée et ils parlent de changer le four qui n'est plus aux normes !!!!! A l'image de la Guyane !!!
Ce n'est malheureusement pas le seul batiment construit pour rien.... Mais ceci est une autre histoire !
Le soir arrive et nous avons faim. Là, ça se complique. Il y a trois personnes qui font des repas dans le village mais faut-il encore avoir réservé et les avoir trouvées. Ce n'est pas simple du tout. Nous avons de la chance. Mme Daï peut nous recevoir. Pour 20 euros, nous avons le droit à des crudités, du boeuf en sauce et de la salade de fruit en conserve.
Cela fait 2 ou 3 semaines que l'avion de fret n'est pas venu et il n'y a plus rien dans le village. Aucun produit frais, pas de pain. Pour les fruits, pas de problème, chacun fait pousser des bananiers, des manguiers, des papayers... Mais pour les légumes, c'est très difficile. La terre est très pauvre et les insectes et les maladies découragent même les plus courageux. Il n'y a pas de gibier à cause du récent orpaillage. Et les criques sont loin... Pas évident du tout. La bouteille d'eau minérale est à 3 euros.
La nuit est agréable. J'essaye de ne pas m'endormir trop vite pour profiter au maximum de cette dernière nuit en hamac au milieu de la forêt. J'entends avec plaisir les rugissements de singes hurleurs, les insectes et les grenouilles. Que j'aime ce vacarme !
Tous les occupants du carbet sont réveillés à 04h30 par Dominique qui se lève pour faire pipi et qui, ne voulant pas déranger, se cogne partout et tombe dans le petit escalier. Heureusement, sans mal.
Je suis réveillée à 5h30 par le jour. Un régal. La brume se lève sur la propriété en même temps que le soleil qui commence à réchauffer l'air. Heureusement que j'avais mon duvet car la nuit a été fraîche.
Pas de petit déjeuner sur place. J'avais heureusement amené du cappuccino, du thé et des gâteaux secs. Ça fera l'affaire.
Comme prévu, nous sommes à 8h devant la mairie avec notre sac. Tous les métros du village nous ont repéré. Les "bleus" qui ne connaissent pas le fonctionnement local des avions ! C'est l'occasion de beaucoup de petites discussions très sympa.
A 8h30, "Paméla" nous fait nos billets.
A 9h30, l'avion arrive. Les deux jeunes pilotes, sympas mais désolés pour nous, nous annoncent qu'ils ne peuvent pas nous prendre car ils sont déjà en sur-poids ! Certains passagers ont 70 à 80kgs de bagages. Des enseignants pour la plupart qui s'installent pour la rentrée scolaire. Il faut dire que cet avion passe d'abord par Maripasoula à l'ouest de la Guyane avant de rentrer sur Cayenne. (2h de vol ).
A 130€ l'aller-retour plus 1,60€ le kilo de bagages, je les plains.
La vie n'est vraiment pas facile dans ces conditions là. Je trouvais que vivre à St Laurent était une "aventure". Mais alors là !!!!!!!!!!!!!!
Bon, on ne va pas se laisser abattre ! Les pilotes nous promettent de demander à leurs collègues de demain d'arriver à l'heure. On verra bien !
"Rémi", le bagagiste, et le pompier nous ramènent à la mairie avec notre sac dans l'unique pick up du village.
Le moyen de transport habituel, ici, est le quad.
Nous partons donc faire un des célèbres sentiers de Saül. Ils sont effectivement très bien entretenus et bien indiqués. Il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux: de 1h à 7h de marche, et plus...
Nous prenons celui du "Belvédère". Ouh là là, comme mise en jambe, c'est pas du gâteau ! Quelle escalade !
Mais le spectacle en vaut la peine. En ce moment, ce belvédère est occupé par deux entomologistes qui y ont installé leurs hamacs pour observer les milliers d'insectes et de papillons, rares pour la pluspart.
Ils tendent des pièges (lumière, draps et filets ) pour les étudier la nuit.
Ce midi, pas de resto ouvert. "Lulu", "un personnage"de Saül, nous fait des sandwichs au poulet, accompagnés d'une compote de fruit industrielle. Encore bien contents de trouver quelques chose à grignoter !!!
Après une douche et pendant que je fais une petite sieste pour laisser passer les heures les plus chaudes de la journée, Dominique aide Jean Paul à réparer une canalisation d'arrivée d'eau. Nous retournons ensuite marcher, cette fois, sur le sentier des "Gros arbres".
A 17h, j'ai les petits orteils en cloques et mal partout. Ça suffit pour aujourd'hui !
Pas moyen de trouver à dîner pour ce soir. Nous achetons une boite de choucroute ( 8.50€), une nouvelle bouteille d'eau et une boite de salade de fruit, que nous allons "déguster" au carbet !
Nous sommes 8 à coucher au carbet ce soir. Nos hamacs se touchent presque, c'est la crise du logement !
La nuit a malgré tout été bonne.
La matinée est très cool: Deux heures de marche sur le sentier "La Fumée" avec des "locataires" du carbet.
Ce midi, nous avons réservé chez Lulu. Salade de couac, "bourguignon" de porc, banane. 20€. Nous restons bavarder avec lui et trois autres personnes jusqu'à 14h, heure du rdvs à la mairie pour les bagages. Jean paul nous y amène très gentiment les nôtres en quad. Nous sommes nombreux à prendre ce vol.
Le pompier, très sympa, fait deux tours pour emmener tout ce petit monde à l'aérodrome.
A la surprise générale, l'avion est pile à l'heure ! Les pilotes d'hier auraient-ils effectivement passer la consigne ?
Et nous voilà repartis voler au dessus de "notre" brocoli" géant. Pour la dernière fois !
J'aimerais clôturer ce blog par des photos de notre jardin. Il est si beau en ce moment !
Adieu la Guyane, reBonjour la Bretagne..............................